Abécédaire de |
Du mouvement Ansar al Charia Moustafa Kamel, 47 ans, de nationalité britannique et d'origine égyptienne, a pris le nom de guerre d'Abou Hamza al Masri. Il dirigeait une bande mafieuse à Londres avant de se transformer en islamiste radical et de fonder le groupe " Ansar Al Chariah, " à la fin des années 80. Il n'a pas participé à la guerre contre le Soviétiques en Afghanistan, où il ne se rendit qu'à la fin des hostilités pour monter un camp d'entraînement militaire. Au cours d'un exercice, une charge a explosé, le défigurant et mutilant l'une de ses mains. Il est aussi accusé par les autorités de Sanaa, dans le cadre du dossier concernant l'enlèvement et la mort de quatre touristes au Yémen en 1998. Il intervenait du reste en tant que porte-parole du groupe " Aden-Abyan " auteur de ces enlèvements. Les Britanniques ont arrêté Abou Hamza le 23 juin 2004, l'accusant de soutien à des organisations terroristes. Le 2 juillet 2005, un procès a été intenté contre lui devant la cour de Old Bailey pour incitation à la haine raciale, appel au meurtre et au terrorisme. Il est sous le coup de seize chefs d'accusation. Quelques-uns des partisans d'Abou Hamza, pour la plupart du sous-continent indien et plus particulièrement des Pakistanais, ont été arrêtés à la suite des attentats de juillet 2005 à Londres. (1) Yusuf Islam, de son ancien nom de scène Cat Stevens, est un chanteur britannique converti à l'islam et devenu militant musulman. On ne saurait cependant l'associer à la mouvance islamiste extrémiste. Pour l'état civil, il s'appelle Stephen Dimitri Georgiou. |
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Al Marsad Al Iilami Yasser el Sirri est égyptien. Il est l'un des plus haut responsables de l'organisation " Tala'eh el Fatah " (l'avant-garde de la conquête), un des groupes islamistes armés agissant en marge du mouvement du Jihad islamique. Deux condamnations à mort par contumace ont été prononcées contre lui en Égypte, dont une dans l'affaire dite " des anciens d'Albanie, " en 1999, au cours de laquelle Ayman Al Zawahiri (2) a lui aussi été déclaré coupable. Yasser Al Sirri vit à Londres depuis 1993, où il a obtenu l'asile politique. Il y a fondé " Al Marsad Al Ilami Al Islami, " un centre de défense des droits des islamistes arrêtés à travers le monde. Jouissant d'une grande popularité dans les milieux islamistes, il a su conserver des relations avec le Jihad islamique égyptien et Al Qaïda. Il a été arrêté en 2004 pour avoir fourni une lettre de couverture aux faux journalistes arabes qui ont assassiné Ahmad Shah Massoud, le chef de guerre afghan. Il déclare que les attentats de Londres sont illicites, au regard de la loi islamique. Il a dit : " Tant qu'ils y vivent, les musulmans résidant en Grande-Bretagne, y compris ceux qui estiment le gouvernement britannique inamical à l'endroit des musulmans et de l'islam, doivent par devoir religieux se conformer aux règles de ce pays. " Il poursuit : " Allah nous ordonne dans le cas où nous voulons attaquer un pays, de le quitter avant de lui déclarer la guerre et de nous en prendre à lui. Si un musulman peut se rendre en Irak, pour combattre les forces américaines ou les forces britanniques, il n'a pas le droit de tuer des civils britanniques, car ces civils n'ont pas commis de crime. " Les États-Unis accusent Yasser Al Sirri de terrorisme et réclament son arrestation. Cependant, la justice britannique n'est pas parvenue à prouver sa culpabilité et refuse son extradition. (2) Bras droit d'Oussama Ben Laden et chef de l'une des factions du " Jihad Islamique " égyptien. Voir aussi messages traduits de Zawahiri dans le menu: textes-islamistes |
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Centre Al Maqresi, à Londres Hani Al Sibaï est un Egyptien, né à Qanater Al Khayriyyah. Ancien avocat auprès des cours de hautes Sûreté de l'État en Egypte et alors membre du Comité de défense dans les affaires politiques, il faisait aussi partie du Comité de la charia islamique au syndicat des avocats. Arrêté une première fois en 1981 en Égypte, lors de l'assassinat d'Anouar Al Sadate, interpellé ensuite à plusieurs reprises, il a continué à exercer sa charge d'avocat jusqu'à sa fuite en Grande-Bretagne. Il vit aujourd'hui à Londres avec le statut de réfugié politique. Il y dirige le centre d'études " Al Maqresi " (Al Maqrese) et se présente comme " chercheur islamique. " Il nie entretenir des relations avec Ayman Al Zawahiri (2) et le " Jihad islamique " depuis son départ en exil. Il a néanmoins été condamné à mort en Égypte pour collaboration avec le Jihad islamique. Il ne jouit cependant pas d'une grande popularité auprès des islamistes installés à Londres. En outre, il a été laissé libre par les autorités britanniques au cours de la vague d'arrestations déclenchée contre les islamistes au cours de l'été 2005. Ancien rédacteur en chef des magazines " Al Forqan " et " Al Bounyan al Marssouss, " il est en outre conseiller auprès du Centre d'Études islamiques en Australie. Il a écrit plusieurs livres concernant la vie du prophète Mahomet et sur le droit musulman. Il intervient dans la revue " Al Mouhamat, " publiée par la ligue des avocats musulmans, dans la revue " Nida' al Islam, " en Australie, et dans " Al Minhaj " à Londres. |
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Ouvertement favorable à Al Qaïda et aux Taliban, Abou Qatada compte sur un soulèvement populaire spontané et croit en l'émulation de quelques dirigeants. Pour cette raison, il n'a pas créé d'organisation. Omar Mahmoud Othman Abou Omar est né en 1961 en Jordanie. Encore au lycée, il rejoint le " Jamaa Ad Daawa Wal Tabligh, " une organisation limitant son action à la prédication religieuse. A l'université jordanienne, il obtient une licence de droit musulman en 1984. Il s'enrôle alors dans l'armée jordanienne, auprès de laquelle, pendant quatre ans, il sert comme conseiller dans l'organisation chargée de rédiger les fatouas (3). Puis ses activités de " mufti, " (4) dans la prison militaire, à travers ses contacts avec les détenus, l'initient à l'idéologie de mouvements islamistes radicaux. Pendant la première Guerre du Golfe, en 1991, avec quelques amis, il fonde un mouvement salafiste (5) pour donner un cadre aux différents groupes islamistes jordaniens. Le projet rencontre une forte opposition de la part de ces mêmes milieux. Après un second essai, lui aussi avorté, découragé, il part en Malaisie en 1991, puis au Pakistan. En 1994, enfin, il obtient l'asile politique en Grande-Bretagne bien qu'aucune charge n'ait été prononcée contre lui en Jordanie. En exil, il se fait reconnaître comme un " grand théoricien politique islamique " auprès des groupes salafistes jihadistes (6), en particulier ceux d'Afrique du nord. Il supervise aussi la rédaction de magazines islamistes, parmi lesquels, " Al Fajr " et " Al Minhaj. " Puis il publie un livre de théorie sur les mouvements salafistes jihadistes. A notre point de vue, le mieux structuré et le plus convainquant de tous ceux rédigés pour tenter de justifier l'idéologie de cette mouvance. Il s'est fait remarquer par l'intransigeance de son discours et la dureté de ses critiques à l'égard des islamistes qui n'adhèrent pas à sa pensée. Ses " fatouas " ont servi de caution aux délires sanglants des groupes armés algériens en rébellion contre l'État. Néanmoins, sa position en Grande-Bretagne reste ambiguë. Quand certains milieux politiques réclamaient son arrestation, d'autres voyaient en lui un honorable correspondant des services britanniques. Abou Qatada a été accusé de financer des organisations islamiques armées en Jordanie comme la " Jamaat Al Islah Wal Tahhadi " (Réforme et Défi) et ce pays a fini par demander son extradition. Mis sous surveillance par les autorités britanniques à la fin des années 90, l'étau se resserre sur lui après les événements du 11 septembre 2001. En 2002, il disparaît plusieurs semaines, détenu secrètement par les autorités britanniques, avant de réapparaître et d'être officiellement détenu. Libéré récemment, il était assigné à résidence depuis le 11 mars 2002. Abou Qatada a été jugé par contumace et condamné à perpétuité en Jordanie pour son implication, qu'il réfute, dans plusieurs attentats commis en 1998. Il a néanmoins été arrêté une nouvelle fois le 11 août 2005 par les Britanniques.
(3) Avis juridiques relatifs à la loi coranique. |
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Chef du mouvement des Mouhajiroun (Emigrés) dissident du Hizb at Tahrir al Islami Né en Syrie en 1959, Mohammad Omar Bakri jouit de la double nationalité syro-libanaise. Il a créé un groupe baptisé " Mouvement des émigrés " (Harakat Al Mouhajiroun). Dissident d'un groupe islamiste marginal, mais néanmoins violent, le " Parti de la Libération islamique " (Hizb at Tahrir al Islami), il a conservé de celui-ci l'habitude de revendiquer la restauration du califat, une autorité unique sur l'ensemble du monde musulman. Après avoir vécu dans sa jeunesse au Liban, il séjourne en Arabie Saoudite avant de s'installer à Londres en 1985. Islamiste jusqu'à la caricature, provocateur même, il n'est guère pris au sérieux. Un jour, il a invité la reine Elisabeth à se convertir à l'islam. Parfois, il reprend les discours de Ben Laden devant des journalistes pour faire parler de lui. Dernièrement, il a rappelé avoir dit il y a un an et demi, au journal portugais " Publico, " qu'un groupe " Al Qaïda en Europe " s'apprêtait à perpétrer un attentat spectaculaire à Londres. Comme par hasard, après les attaques de juillet, une organisation de ce nom a revendiqué les attentats sans parvenir à convaincre les observateurs de la véracité de ses propos. Omar Bakri n'a jamais été arrêté et l'on soupçonne les Britanniques de le laisser prospérer comme un leurre chargé d'attirer à lui les plus extrémistes et les plus décérébrés des islamistes. Néanmoins, il est désormais interdit de séjour en Grande-Bretagne. Ayant élu domicile au Liban depuis l'été 2005, il a été rappelé à l'ordre par la police de ce pays, début septembre, après être intervenu sur la télévision arabe Al Jazeera, qui l'interviewait comme " spécialiste de l'islam " politique. Lire: Interview de Omar Bakri |
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Londres - Mouvement Islamique pour la Réforme (Al Harakat al Islamiya lil Islah) Les États-Unis ont obtenu l'inscription de cet opposant saoudien sur la liste des terroristes reconnus par les Nations unies. La Grande-Bretagne, où il réside, ne s'y est pas opposée, quand elle aurait pu le faire en tant que membre du Conseil de sécurité. Cette inscription sur la liste terroriste est étrange à deux titres. D'une part parce qu'on se demande pourquoi la Grande Bretagne, qui ne s'est pas opposée à la demande des Etats-Unis, a gardé aussi longtemps sur son territoire un " terroriste. " D'autre part parce qu'Al-Faqih n'a jamais été impliqué dans une action terroriste, que ce soit en Arabie Saoudite ou dans un autre pays. Autant que nous sachions, il n'entretient aucune relation avec les réseaux d'Al Qaïda et adopte souvent des positions critiques à l'égard des agissements de cette organisation. Al-Faqih est un partisan du changement politique pacifique en Arabie Saoudite. Il compte sur le soutien international et plus particulièrement britannique pour y parvenir. Il a quitté l'Arabie Saoudite pour la Grande Bretagne il y a une dizaine d'années avec son compagnon de lutte Mohammad Al-Massaari et a créé avec lui un " Comité de défense des droits légitimes " pour leur pays d'origine. Ils se sont séparés quand Al-Faqih a fondé " l'Association de la réforme islamique " qui s'est donné pour but de chasser la famille Saoud du pouvoir. Al-Faqih, fort prolixe, a beaucoup publié sur le sujet de l'éviction des Saoud et a créé une radio fonctionnant sur le satellite pour s'adresser à ses compatriotes. Lors d'un entretien que nous avons eu avec lui à Londres, il a soutenu que les Américains cherchaient à maintenir la famille Saoud en place tout en songeant à substituer la génération au pouvoir par des éléments plus jeunes. La présence d'Al-Faqih à Londres dérange considérablement le régime des Saoud. Ils sont intervenus auprès des Britanniques pour le neutraliser. Chez eux, ils ont obtenu des oulémas de le faire classer " Khawarej " ou " kharijites, " un terme désignant des ultras parmi les chiites du premier siècle de l'islam. Une manière d'excommunication pour le régime sunnite fondamentaliste saoudien. Néanmoins, Al-Faqih n'a pas su organiser autour de lui un groupe de partisans. Il n'exerce son influence qu'à travers sa radio et un site Internet. Or, à la suite des attentats de Londres, il a été privé d'accès à ces moyens et se retrouve donc isolé. A la différence de son ancien compagnon, Al Massaari, qui dirige le groupe du " Renouveau Islamique " (Jamaat At-Tajdid al islami). |
Ces biographies ont été réalisées par Badih Karhani
à la suite de plusieurs séjours effectués à Londres
dans les milieux islamistes en exil.
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